Yellowknife

Article publié le 29 avril 2013 et mis à jour le 23 mai 2023.

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Belle, lente, Yellowknife

On ne part pour rien dans le Nord canadien; on ne va pas y flâner tout simplement parce qu’on a une semaine de vacances. On attend généralement d’avoir un projet, une invitation, partiellement en raison de l’éloignement de l’endroit, mais aussi du sacré qui y est associé.

Ce caractère sacré, on le retrouve par exemple dans les aurores boréales, spectacle magique qui attire des hordes de touristes japonais en manteaux Canada Goose rouges, ainsi que dans le soleil de minuit, phénomène observé au nord du cercle polaire arctique, au sud duquel Yellowknife n’est située qu’à 512 kilomètres. J’ai toujours rêvé de vivre une nuit blanche au sens littéral; cependant, j’ai manqué mes deux premiers rendez-vous avec elle. Ainsi, le manque de moyens financiers et de temps m’a empêchée de monter jusqu’à Tromsø en Norvège au solstice d’été… et mon invitation à Yellowknife s’est faite trop tôt, soit quelques mois avant le solstice. C’était toutefois loin d’être une raison valable pour que je la refuse!

Avril. Par l’entremise d’un ami qui travaille là-bas, j’ai la possibilité d’aller passer trois semaines à Yellowknife pour y faire un stage. J’y découvre bien vite une vie marquée par l’entraide et la coopération en territoire hostile : dans son gros 4 x 4, mon ami transporte ses collègues et amis d’une place à l’autre… n’oubliant pas de saluer au passage tous les piétons qu’il connait. Marcher dans la ville devient une entreprise différente, puisqu’il faut jeter un coup d’œil dans tous les parebrise, au cas où.

Le centre-ville de Yellowknife en été

Je découvre rapidement les plaisirs de l’exploration par la marche de cette petite ville située dans un environnement aussi vaste. Le ciel, immense, me rappelle toujours mes humbles proportions. Les enfants courent partout et enlèvent des couches de vêtements d’hiver, puisqu’ici l’adage « En avril, ne te découvre pas d’un fil » est peu pertinent (les températures moyennes passent de -26,8 degrés en janvier, avec des jours à -50 voire -60 degrés, à -5,3 degrés en avril). Il faut dire aussi que les enfants sont laissés plus libres ici que dans le sud, autant dans les cultures amérindienne et inuite que dans les mœurs des Canadiens d’autres provinces venus pour s’échapper de la ville. Pas étonnant, notamment du fait que les voitures arrêtent plusieurs mètres devant un piéton qui veut traverser… une bonne habitude prise par les gens d’ici l’hiver, lorsque la chaussée est couverte de glace, m’a-t-on expliqué.

Lorsque les jours rallongent, les gens se fatiguent… Avec ce soleil mur à mur qui fait fondre toute la neige en quatre jours, impossible de résister à l’attrait de se balader tard le soir, en se faisant accroire que l’heure du lever est encore loin. Après tout, elle l’est quand même plus que l’heure du lever du soleil.

L'hiver à Yellowknife

Les jours s’allongent et la route de glace fond, aussi. Les camions de ravitaillement ne pouvant plus passer de façon sécuritaire sur le Grand lac des Esclaves, les Yellowknifiens doivent se rabattre sur les denrées accumulées en prévision du printemps, se battre pour les derniers sacs de riz sur les étagères, ou encore payer le prix fort pour la nourriture arrivée par avion… le temps que le lac soit à nouveau praticable, par bateau cette fois.

La route de glace Yellowknife

Ce manque de victuailles favorites n’empêche pas les travailleurs de se réunir et de fêter chez l’un ou l’autre lorsque la fin de semaine se pointe. Ici, le fait de gagner un salaire plus élevé qu’ailleurs au Canada ne garantit pourtant pas qu’on pourra manger souvent au restaurant, puisque les repas y demeurent chers. Dans ces belles soirées casanières, j’ai fait la connaissance de Canadiens de partout, aimant le plein air, l’aventure et la bonne chère, aussi souvent francophones ou francophiles.

Car aux Territoires du Nord-Ouest, dix langues se partagent le statut de langues officielles : huit langues autochtones dont le dogrib et l’inuktitut, l’anglais… et le français. En effet, peut-être en raison du grand nombre de fonctionnaires fédéraux et de militaires bilingues, les écoles françaises ont la cote à Yellowknife (surement aussi en raison de leur qualité), de sorte que vous entendrez fort probablement quelques mots de français lors de votre balade dans la ville.

L'été à Yellowknife

En avril, marcher sous le ciel est sublime, mais le regarder la nuit ne donne pas toujours accès à des aurores boréales. Le site Aurora Forecast donne un indice de la présence de celles-ci, qui demeurent quand même partiellement visibles pendant l’année. Quand il ne reste que quatre heures d’obscurité, trouver le bon moment pour l’observation demeure difficile; je l’ai trouvé lors de ma dernière nuit, où je suis sortie en pyjama pour voir des rideaux verts se mouvant devant mes yeux endormis, comme dans un ultime au revoir… Mes photos sont toutes noires, par contre : j’aurai au moins appris que la photographie d’aurores nécessite toute une technique.

J’aurai aussi découvert, à Yellowknife, la beauté de la coopération et de la simplicité, la grandeur de la nature… et le plaisir de prendre mon temps.

Et vous, auriez-vous envie de visiter Yellowknife?

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Aimée Lévesque
hiroshimem.com

*Photo de Gavin Scott – Tous droits réservés

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