Cenote XCanche

Article publié le 28 septembre 2020 et mis à jour le 7 janvier 2024.

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Ek’ Balam, destination éthique de voyage dans le Yucatan, Mexique

Vous connaissez sûrement la péninsule du Yucatan, au Mexique. Et vous connaissez aussi très probablement Chichén Itzá, son joyau maya, l’une des nouvelles merveilles du monde. Mais si je vous dis Ek’ Balam? Rien ne vous vient à l’esprit? Ruines? Cénote? Village maya? Resort en demi-pension? Un voyage au Mexique à Ek’ Balam a tout ça, et plus encore!

À quelques dizaines de kilomètres de Valladolid, Ek’ Balam est une petite pépite à découvrir, moins courue que Chichén Itzá, une alternative plus éthique aux resorts de la Riviera Maya, le tout dans une paix royale. On y va?

Pourquoi visiter Ek’Balam, un incontournable méconnu au Mexique

La péninsule du Yucatan fait partie de ces petits paradis sur Terre, avec ses plages, son beau temps toute l’année, sa gastronomie, son accueil… Face au déclin d’Acapulco depuis les années 1970, Cancún s’est imposée comme LA porte d’entrée au Mexique pour les Occidentaux en mal de soleil.

Son aéroport international place le Yucatan à seulement 5 heures de vol du Canada et 9-10 heures de l’Europe. La plupart des visiteurs restent sur les plages entre Cancún et Tulum et font un saut de puce à Chichén Itzá. Mais seule une fraction d’entre eux ira explorer Ek’ Balam, et c’est tant mieux pour les voyageurs qui cherchent la tranquillité!

À 25 km de Valladolid, soit une demi-heure de car ou de taxi (retrouvez toutes les infos pratiques à la fin de l’article), des ruines sont cachées dans la jungle. Ces ruines sont connues depuis la fin du XIXe siècle, mais elles n’ont commencé à être étudiées qu’en 1994! C’est ce qui explique sans doute la paix relative des lieux, même si l’après-midi est parfois achalandé. Pour moi, savoir que des chercheurs n’ont que commencé à effleurer les mystères de ce site ne rend la visite que plus captivante.

Comment visiter les ruines d’Ek’ Balam

La journée commence par une petite balade sous les arbres. Arrivée presque à l’ouverture, je ne fais pas la queue pour entrer: même si nous sommes en mars, haute saison du tourisme en raison des vacances scolaires en Amérique du Nord, il est suffisamment tôt pour que les quelques touristes qui arrivent en visite organisée des autres villes de la péninsule ne soient pas encore arrivés. Raison de plus pour dormir sur place, au village d’Ek’ Balam, mais je vous en reparle tantôt. Revenons à notre balade. Quelques pierres apparaissent, puis je distingue plus facilement le sacbe (chemin surélevé), et enfin une arche qui sert de porte d’entrée à l’endroit où se regroupent les vestiges les plus passionnants. J’entrevois déjà l’Acropole, le point culminant, où il est possible de monter.

L’Acropole d’Ek’Balam vue d’en bas

Ek’Balam, nom qui signifie «le jaguar noir», a connu son apogée au tournant du Xe siècle. C’est une cité maya classique par excellence, bien mieux préservée que celle de Cobà, par exemple. Comme beaucoup de sites mayas, elle est progressivement désertée autour du XIIe siècle, jusqu’à l’abandon total, sans qu’on ne sache exactement pourquoi. Les théories et hypothèses vont bon train!

Monter au sommet de l’Acropole d’Ek’ Balam

Un des moments forts du site pour moi, c’est de grimper en haut des 31 mètres de l’Acropole. Les marches sont lisses et pentues, il n’y a pas de corde ni de rambarde, mieux vaut ne pas trop regarder en bas. Je garde le regard fixé sur les marches juste devant moi, l’une après l’autre, jusqu’à arriver à la plateforme supérieure. Je n’ose pas encore m’arrêter pour regarder les bas-reliefs que j’entrevois du coin de l’œil: je veux arriver en haut avant tout. De là, un vrai choc visuel: la jungle s’étend à perte de vue. Seuls quelques bâtiments sont visibles au pied de l’Acropole, rien ne laisse deviner qu’il y ait âme qui vive aux environs. Il paraît qu’on peut voir Chichén Itzá et Coba par temps clair, mais je n’ai rien vu!

La jungle mexicaine depuis l’Acropole d’Ek’ Balam

C’est une vue que je savoure, à remonter le temps jusqu’à l’époque maya, à m’imaginer grande prêtresse d’une cité bruyante et pleine de vie juste sous mes pieds. Aujourd’hui, au milieu de la matinée, seules quelques dizaines de touristes parcourent les lieux. Pour redescendre, je laisse ma fierté au placard et je descends les marches glissantes sur les fesses. Mieux vaut perdre sa dignité que se casser le cou! L’ascension et la descente sont impressionnantes, mais pas difficiles en soi si vous êtes en forme: il s’agit simplement de monter beaucoup, beaucoup de marches. Avec beaucoup, beaucoup de vide à côté. Vos enfants pourront y monter aussi, mais faites bien attention à eux. À ma connaissance, le site n’est malheureusement pas accessible aux voyageurs en fauteuil roulant.

Le spectacle est aussi sur les murs de l’Acropole: pétroglyphes, frises et peintures transportent à une autre époque. Ne ratez pas les frises de stuc splendides.

De l’autre côté de la place centrale, j’escalade d’autres structures, avec une belle vue sur l’Acropole à la clé, cette fois. Les iguanes sont partout sur le site, à se prélasser au soleil. Je m’arrête pour les observer bouger lentement et m’imprégner des lieux le temps d’un dessin. Quand le soleil se fait trop fort, je pars sous les arbres, au hasard des sentiers qui m’emmènent vers des ruines plus secrètes, ambiance Indiana Jones faite de murs envahis de racines et de chemins qui mènent on ne sait où…

Quoi et où manger à Ek’ Balam

Il est midi, je viens de passer la matinée à explorer le site. Autant vous dire que j’ai une faim de jaguar. Il est temps de découvrir une autre facette du site: le cénote X’Canche et son restaurant maya. Pour y accéder, il faut retourner à l’entrée, puis emprunter un sentier dans une tout autre direction. Cette nouvelle trotte d’un kilomètre m’ouvre encore plus l’appétit… et la soif, car il fait une chaleur exceptionnelle — je ne me suis pas encore remise du choc thermique avec le Canada en ce mois de mars! Le temps oscille entre 20 et 30 °C la journée, c’est délicieux, mais un peu fatigant en milieu de journée.

C’est là qu’interviennent deux particularités d’Ek’ Balam: on peut y manger dans un véritable restaurant maya, et surtout, on peut s’y baigner: n’oubliez pas serviette, gougounes/tongs et maillot de bain!

En haut du cénote, je goûte à la cuisine maya traditionnelle, faite par les habitants du village voisin. C’est assez simple, mais savoureux et bon marché. En plus d’offrir la vue sur le cénote et ses gros iguanes, le restaurant a aussi le bon goût de mettre à la disposition de tous des hamacs que je m’empresse d’essayer. Vous savez, pour vérifier s’ils sont confortables. Verdict: 30 minutes de sieste, la détente absolue!

Après toutes ces émotions, le cénote X’Canche est idéal pour se rafraîchir et admirer un peu cette couleur incroyable! On peut y descendre en rappel, mais je ne suis pas téméraire… Pour les gens comme moi, un simple escalier et des pontons nous emmènent au niveau de l’eau.

Le cénote X’Canche

Où dormir à Ek’ Balam

Le restaurant communautaire de X’Canche commence à montrer la dimension sociale du village d’Ek’ Balam. Mais pour la comprendre davantage, c’est au village même, à 4 km des ruines, qu’il faut se rendre, pour séjourner chez Genesis Eco-Oasis, un écohôtel.

Les resorts classiques, grands immeubles de béton pouvant accueillir des milliers d’Occidentaux sur les plages du Mexique, sont souvent (sinon toujours), détenus par des capitaux étrangers et participent activement à l’exploitation des populations locales.

Ici, même si Genesis Eco-Oasis reproduit un schéma où la patronne est une Américaine et les salariés mexicains, l’idée est de créer une entreprise sociale où la communauté est mise à l’honneur et non exploitée, où tout le village profite de la présence de cet hébergement pas comme les autres.

Un hôtel éthique et solidaire dans le Yucatan

Concrètement? Les produits sont locaux, les techniques sont locales, les employés sont des gens du village. L’hôtel organise des visites chez les artisans des environs et encourage à acheter directement chez eux sans se prélever de marge sur nos achats. En cuisine, on sert des plats mayas végétariens pour limiter l’empreinte carbone (et quels plats végétariens! Je rêve encore de la soupe à la coriandre…), et 30% des ingrédients proviennent de la ferme de l’hôtel. Même les animaux sur le site sont des rescapés. Genesis Eco-Oasis, c’est un havre de paix où dormir à Ek’ Balam, une petite utopie au beau milieu d’un village isolé.

Le village d’Ek’ Balam

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C’est bien beau, mais est-ce qu’on dort dans une étable? Au niveau des chambres, ça donne quoi? Ça donne que c’est assez fabuleux. L’hôtel est articulé autour d’un jardin luxuriant, créé selon des techniques traditionnelles sur ce qui était une friche de roches voilà 20 ans. Il y a plusieurs niveaux de confort pour les chambres, mais toutes donnent sur le jardin. De la chambre Cielo, on est même au niveau des bananiers et les lits à baldaquin sur la grande terrasse sont parfaits pour observer les oiseaux. Dans la douche en extérieur, il suffit de lever les yeux pour les voir passer au-dessus de nous… À l’intérieur, un système d’aération naturelle permet de ventiler la chambre pour ne pas étouffer dans le climat mexicain.

Sur la terrasse de la chambre Cielo à l’hôtel Genesis Eco-Oasis

Le seul revers de la médaille, c’est le volume sonore des oiseaux la nuit, mais c’est un maigre prix à payer pour dormir dans un cadre si beau. Et en parlant de prix, voyez un peu ça: notre chambre pour 4 personnes avec terrasse immense et douche en plein air nous a coûté seulement 104 CAD/79 EUR la nuit, avec l’impression d’être des rois.

Et vous savez quoi? Il y a même une piscine. Une piscine dont l’eau vient directement d’un cénote. Le paradis, je vous dis.

En résumé, Ek’Balam au Mexique, c’est une destination relativement peu courue, passionnante pour son histoire, délicieuse pour sa cuisine locale, et où on participe à élever une petite communauté au lieu de l’exploiter pour nos vacances. J’y retourne demain si je peux!

Informations utiles pour votre voyage au Mexique

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  • Pour aller dans le Yucatan: l’aéroport international de Cancún est le plus proche. Depuis le centre-ville de Cancún, comptez 2 heures d’autocar et 190-264 pesos (12-17 CAD/7-11 EUR) pour rallier Valladolid, la grande ville la plus proche. Départs toutes les heures environ.
  • Pour aller à Ek’ Balam, vous pouvez prendre un bus à la gare routière de Valladolid le matin, et un autre pour rentrer l’après-midi. Renseignez-vous à la gare routière pour voir les options de transports en commun pour accéder aux ruines. L’option la plus simple, ce sont les taxis (« collectivos »), qui vous y emmèneront volontier depuis la «station» de taxis collectifs qui se trouve sur la Calle 37, entre les calle 44 et 42 (oui logique…). Tarifs selon vos talents de négociation, de 30 à 70 pesos (2-4,5 CAD/1,20-2,80 EUR) par personne pour l’aller.
  • Pour flâner aux ruines d’Ek’ Balam, je vous conseille de prévoir une demi-journée, voire une journée entière si vous comptez profiter du restaurant et du cénote. Tarifs d’entrée: environ 200 pesos/adulte (13 CAD/8,20 EUR), et 50 pesos supplémentaires pour se baigner (3,15 CAD/2 EUR). Si vous ne souhaitez pas vous baigner, l’accès au restaurant et aux hamacs est gratuit, et vous pouvez quand même admirer le cénote d’en haut. Pas de réservation à prévoir.
  • Combien de temps rester au village d’Ek’ Balam? Tout dépend de votre envie de déconnecter. J’y suis restée trois jours, ce qui était suffisant pour me reposer et profiter du site archéologique. Le jour où j’y retournerai, je resterai plus longtemps en faisant d’autres activités au sein du village. Si seules les ruines vous intéressent, prévoyez seulement quelques jours. Au fait, l’hôtel a le wifi.
  • Tarifs de l’hôtel Genesis Eco-Oasis où se loger à Ek’ Balam: de 58 à 78 USD/76 à 104 CAD/58 à 78 EUR par chambre. Voir les tarifs et les chambres ici.

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