Le chaud soleil de Tanzanie nous brûle la tête. L’atmosphère de Karatu est lourd, l’air frais se faisant rare. Notre trio s’avance derrière Mathis, l’employé de l’hôtel qui a offert de nous conduire à l’école du village. Surpris comme de bons Nord-Américains lorsqu’il s’élance sur la piste plutôt que de se diriger vers les 4×4, nous nous lançons des regards et concluons que l’école doit être tout près.
La terre orangée est glissante sous nos pieds et assèche notre peau. Après de nombreuses minutes de marche, nous sommes en nage et regrettons nos bouteilles d’eau laissées derrière. De petites huttes rudimentaires parsèment le sentier et des familles vaquent à leurs occupations en nous regardant du coin de l’œil, sourire aux lèvres.
Après ce qui nous semble une éternité, n’y croyant plus, nous entendons au loin des cris d’enfant. Mathis nous presse, car l’école finit bientôt. Au détour du sentier, des centaines d’enfants vêtus d’uniformes violets et bourgognes apparaissent. Des sourires se dessinent sur les visages à notre arrivée, des milliers de sourires plus blancs les uns que les autres. Estomaqués, pensant arriver à une petite école de rang, nous ne pouvons que leur répondre par des sourires nous aussi.
Mais d’où viennent-ils donc tous? L’école est terrée au beau milieu d’un champ, sans route praticable, ne serait-ce qu’à vélo, et plus de 2000 enfants s’entassent dans les classes et la cour d’école. Mathis nous présente la directrice de l’école qui nous en explique le fonctionnement et nous fait visiter une classe d’histoire. À notre entrée, les grands de 7e année nous examinent, se demandent ce que nous faisons là, nous, les étrangers. Du fond de la classe, nous observons la leçon et sommes étonnés du respect et de l’ordre qui règnent, bien loin de ce que nous voyons dans nos classes québécoises.
Nous répétons sans cesse ce Jambo (bonjour en swahili) comme un handicap, preuve de notre incapacité à communiquer avec ces enfants dont nous aimerions tout connaître. Les plus petits, apprendrons-nous, ne parlent pour le moment que leur dialecte et tentent d’apprendre le swahili et l’anglais à la fois, les deux langues officiellement enseignées. Le français aussi est au programme, mais l’intendant nous explique que faute de professeur, il a été relégué aux oubliettes.
Tout fier, il nous fait visiter la salle des professeurs, mais surtout, la nouvelle cuisine qui, par pur hasard, a été inaugurée le jour même. Grâce à de l’aide internationale, l’école bénéficie actuellement de dons en nourriture pour préparer le dîner des enfants. Dans la salle de classe qui sert d’entrepôt, il nous explique qu’ils en auront suffisamment jusqu’en juillet, mais, qu’après, leur sort est incertain. « Que ferez-vous? » demandons-nous naïvement. Il nous répond que les enfants auront probablement le ventre vide puisque les parents ne peuvent pas leur préparer de collations. C’est d’ailleurs pour les mêmes raisons que les uniformes des enfants sont parfois étroits et décousus, que les cahiers sont utilisés à outrance et les crayons minuscules. Pour inscrire leur enfant à l’école, les parents doivent fournir le matériel de base (uniforme, cahier, crayon) et nous apprenons tristement que les Tanzaniens ne reçoivent aucune aide du gouvernement. Leur salut réside donc dans l’aide étrangère. Comme nous abandonnerions tout ce que nous avons à cet instant pour les aider…
De retour dans la cour d’école, les enfants se sont dispersés et prennent la route de la maison. Certains sont restés pour nous observer. Dans la foule qui s’est massée autour de nous, un enfant attrape ma main et touche ma peau, curieux de savoir si ma blancheur est différente de son beau brun chocolat. Nous n’avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre, nos yeux et nos sourires gênés suffisent.
Au retour, derrière mes énormes lunettes de soleil à l’américaine, je refrène mes larmes du mieux que je peux, sans succès. Je ne pleure pas en raison de leur pauvreté, je pleure de les voir si heureux, si purs, si contraire aux images que la télévision nous projette constamment. Exit Vision mondiale, bienvenue en Tanzanie, le pays des sourires!
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10 juillet 2014 à 11 h 29[…] La Tanzanie des sourires […]